Patrick Lefèbvre (1956) a d'abord évolué dans les traces de son père garagiste dans les années '60, devenu ensuite concessionnaire automobile à Jambes (Namur, Belgique). Au fil des ans et à une exception près, par le seul fait des fusions et absorptions entre constructeurs, la concession commercialisera les voitures françaises Simca puis aussi simultanément les américaines Chrysler, Dodge, Plymouth ainsi que les anglaises Sunbeam, avant Peugeot et finalement Renault.
En 1972, "sous la bannière américaine", les résultats de l'entreprise lui valent de remporter une "Incentive Commerciale" dont la récompense est un voyage aux États-Unis. Chrysler équipe en moteurs les fusées Saturnes - celles qui lancent les capsules Apollo vers la Lune - et une visite est prévue au Kennedy Space Center à Cape Canaveral en Floride à quelques jours du lancement d'Apollo 16.
Seul aux commandes de son entreprise le père cède à son fils de 16 ans les quinze jours du voyage, qu'il fera accompagné de sa mère à New-York, Detroit, Orlando et Miami.
Mais précisons d'abord que c'est vers 8 ans que Patrick Lefèbvre a pris ses premières photos, avec un Kodak Brownie, une relique conçue dans les années '30 aux États-Unis. Par la suite il utilisera un appareil à soufflet, dit "Folding", ramené du Japon par son père qui a combattu en Corée au début des années '50.
A 16 ans donc, dans l'intention de ramener des images d'outre-atlantique, c'est à l'aube de ce voyage en Amérique que Patrick fera violence à son livret d'épargne pour acheter son premier appareil photo: un reflex 24x36 Asahi Pentax.
Dès après ce voyage il perfectionnera sa technique de prise de vues et apprendra le développement de la pellicule, ainsi que le tirage sur papier, auprès d'un photographe de plateau animant un atelier dans un Centre Culturel de/à Jambes dont un mois plus tôt il figurait parmi les membres fondateurs de sa structure en asbl.
La passion est là et le champ d'action une évidence: le portrait est immédiatement son terrain de jeux.
"Le portrait est aussi un autoportrait, un regard sur la vie, sur la vie du photographe aussi et sa perception de l'autre, sur ses rêves d'idéal et de ces choses immatérielles qui régissent le monde."
Mais entretemps son avenir s'est dessiné dans la lignée paternelle, et dès après sa Rhéto et un service militaire de 14 mois, qu'il termine au grade de Lieutenant, il est appelé à épauler son père débordé par les aspects commerciaux et administratifs de son entreprise. La photographie, jamais abandonnée, est néanmoins rangée au rayon des loisirs pendant de longues années.
Après 20 ans dans l'automobile et une formation HEC Patrick réoriente sa carrière dans le marketing de la presse régionale, puis nationale et internationale. Mais un appareil photographique n'est jamais très loin.
Passionné des nouvelles technologies et autodidacte il crée en 2001 son premier site web: un portail d'informations routières qu'il illustre de ses photographies prises sur la route entre Namur et Bruxelles pour rejoindre le groupe de presse pour lequel il travaille. Pour cette initiative on lui consacrera quelques articles de presse écrite, la RTB des interviews en radio et même un reportage en télé. Rien ne se perdant sur le web il en subsiste des traces sur la "Wayback Machine".
Mais la presse écrite se porte déjà très mal et les restructurations vont s'enchaîner, laissant sur le carreau des centaines de personnes en quelques années.
Un nouveau changement de vie s'impose à Patrick Lefèbvre, qu'il transformera en une opportunité: celle de consacrer désormais tout son temps libre à sa passion pour le portrait photographique, à cette aussi intense que fragile relation créatrice.
"Photographié, le corps n'est pas l'incarnation du modèle, tout au plus sa représentation mise en scène - à un moment donné et unique - que le modèle, le photographe et le spectateur du résultat liront différemment en fonction de leur sensibilité, de leur culture, de leur imagination, de leurs idéaux, de leur ouverture au monde."
L'auteur est en recherche permanente de nouvelles personnes prêtes à se livrer au jeu de la mise en scène de soi, prêtes à se découvrir autrement, à se livrer ou se délivrer, ou bien à se cacher en se montrant autre.