Le nu féminin dans l'art
Mon titre est intégralement un emprunt à l'article de Constance Desanti, illustratrice et ancienne élève de l'École du Louvre; article auquel je renvoie au bas de mon propre propos.
Cela fera 11 ans en mars prochain que ma démarche photographique met en avant la femme, sa beauté et plus généralement l'esthétisme dont j'aime l'entourer. Des années que je porte sur elle un regard tantôt objectif ou neutre, tantôt qui tend à sublimer subtilement sa réalité.
Pour peu qu'on la considère artistique, au sens post duchampien mon approche photographique n'est absolument pas contemporaine. Quoi qu'elle le soit selon plusieurs des critères établis en 2005 par la curatrice indépendante et auteure Charlotte Cotton.
Le désintérêt grandissant des individus pour la beauté
L'esthétique étant la science du beau dans la nature et dans l'art, le célèbre architecte français d'origine italienne Rudy Ricciotti témoigne de la disparition progressive de la notion de beauté.
"L'artiste contemporain est le relais de notre régression esthétique" - [Rudy Ricciotti]
Et vous verrez plus loin qu'il n'est pas l'unique célébrité à s'en émouvoir !
Au-delà de son avis - que je partage - depuis longtemps je ressens dans la population relativement jeune un malaise par rapport à la représentation du corps nu.
La censure, et plus grave encore l'autocensure - qu'il s'agisse d'imagerie ou de propos - sont désormais omniprésentes dans la sphère publique.
Et c'est dramatique.
M'opposant à cette tendance, je n'hésite pas à montrer, exposer mes modèles nus. Mes portraits de nus frontaux sont un défi de jugement auquel j'invite l'observateur à se confronter : son esprit ne serait-il pas corrompu ? Le nu ne pourrait-il s'exprimer sans appeler à la sexualité !? Aussi je m'interroge depuis quelques années sur les raisons de ce rejet de la représentation de la nudité. Si j'y voyais d'abord et presque exclusivement la résultante d'une pression politico-religieuse, la lecture d'un article paru ce 25 octobre dans une tribune du magazine - Marianne - m'apporte un éclairage nouveau, et pas moins inquiétant ! |
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Cancel culture et culture woke
Je fais ici référence à l'article de Constance Desanti, dont j'ai emprunté le titre pour introduire le mien.
Sur base de son analyse, le nu féminin dans l'art aurait à pâtir de la "cancel culture" et de la culture "woke".
Selon elle l’iconoclasme intersectionnel fait que "la nudité, autrefois symbole de liberté et de beauté, devient suspecte et se pare de pudibonderie ou de dégoût" à cause de certains représentants de la culture woke "qui relisent l'histoire de l'art à l'aune de leur idéologie"
"Entre condamnation systématique et volonté de censure, le danger réside dans l’apparition de ce nouveau catéchisme qui prétend indiquer ce qu’il est acceptable et moral d’exposer et ce qui ne l’est pas"
Je vous invite à la lecture de l'article complet de Constance Desanti, particulièrement éclairant sur la dangerosité de certains représentants de la culture "woke" et la "cancel culture"
https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/les-degats-de-la-cancel-culture-sur-le-nu-feminin-dans-lart
Le désintérêt grandissant des individus pour la beauté
Interrogé il y a quelque temps sur le désintérêt grandissant des individus pour la beauté, l'écrivain voyageur français Sylvain Tesson avançait de son côté : « La beauté sauvera le monde, comme disait Dostoïevski, mais encore faut-il que quelque chose sauve la beauté »
Pour lui, "Il apparaît en effet nécessaire d’ouvrir les yeux sur la splendeur de la création, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine, afin de ne jamais cesser de s’émerveiller de la beauté d’un arbre, d’une fleur, d’un animal, d’une personne ou d’une œuvre d’art, au risque de la voir disparaître de nos existences.
Aussi, pour en savoir plus sur cet inquiétant et dangereux mouvement "woke" :
https://www.marianne.net/agora/les-mediologues/crime-de-penser-le-woke-cest-le-culte-du-surmoi
Et pour conclure, mon invitation à cette lecture-papier :
L'exil de la beauté
Une conversation de Rudy Ricciotti avec David d'Équainville, parue aux éditions "textuel"
ISBN: 978-2-84597-767-9